jeudi 4 décembre 2008

Je ne te mérite pas, connasse !

Dur de passer derrière ma corédactrice et amie, après ces quelques six mois d'inactivité.

Ce sujet fait suite à la demande de l'un de nos lecteurs qui commentait nos billets : « je ». Cher lecteur, j'espère que la lecture de ce duo de billet t'aura plu.


« Je ne te mérite pas ». Quelle phrase plus imbécile et vide de sens que celle là ? Mais il n'y a pas que la phrase en question à être vide de sens, l'énergumène doté de parole qui la prononce fait lui aussi montre d'une absence totale de cohérence.

« Je ne te mérite pas » c'est un peu le cri d'amour du masochiste désespéré durant les soirées monotones où le soleil se couche inlassablement à l'Ouest pour se lever tout aussi inlassablement à l'Est le lendemain matin.


« Je ne te mérite pas », que faut-il lire dans une telle phrase ? Faut-il vraiment comprendre « vas, je ne te hais point, mais sans ambages je ne saurais être à la hauteur de ton ramage ni de ton plumage que j'ai fort apprécié, caressé et parfois même défoncer, mais ça c'est plutôt intime même si ça fait du bien par où ça passe. » Car n'est-ce pas là le sens premier de cette phrase ; en tout cas son sens le plus évident s'il en est. « Je ne te mérites pas, va plutôt faire chier Johnny Depp ; connasse. »

Pourquoi connasse ? Parce que la locution dont il est question, qu'elle soit circonstanciée ou non, montre un profond irrespect de l'autre. C'est un peu comme si tu (tu permets que je te tutoie ?) lui disais « écoute moi espèce de pétasse, là j'ai pas que ça à foutre de ton amour, alors tes sentiments, tu te les carres bien profond dans le cul, avec un peu de chance t'auras même du plaisir ». Car qui est-tu pour juger qu'elle ne te mérite pas ? N'est-ce pas à elle de te dire si tu la mérites où non ? Et bien si ! Alors arrête donc tes courbettes dignes d'un sarkoziste rampant épris de pouvoir qui engluent son entourage de ses phrases mielleuses pour espérer accéder à la cour du roi. Tu ne trompes personne, si ce n'est toi (c'est donc ton frère). Alors sors un peu de ton faux rôle de victime et ôte donc les doigts que tu laisses trainer depuis trop longtemps dans ton anus.

Hé oui, « je ne te mérites pas », c'est en fait une phrase à tiroir d'où l'on pourrait sortir des vieux sous-vêtements trop usés. Comprenez : « je ne te mérites pas, je vaux mieux que toi » ou « je savais pas comment te dire que j'en pouvais plus de voir ta sale bobine ; nous deux c'est fini. »


Voilà qui est fort impoli et malhonnête vis-à-vis de celui qui se prend cette phrase magique au travers du faciès. Parce que, quand bien même ce serait vrai, c'est tout de même un peu du foutage de gueule. Si elle est trop bien pour toi, tu fermes ta gueule et tu profites. Quand tu trouves un billet de 50 balles par terre, tu recherches pas à qui il appartenait ; tu le ramasses, tu l'empoches et tu t'empresses de le dépenser. Là c'est la même chose. Si elle est trop belle pour toi, dépêche toi de profiter de son corps avant de te la faire piquer. Si elle est trop intelligente, fait la causer jusqu'à ce que mort s'en suive, t'apprendras peut-être des trucs. Et puis, si elle est trop géniale, attache-la à ton radiateur pour ne pas qu'elle se casse ; ou mieux, menotte-toi à elle.


Alors tu vois, personne ne te croit quand tu lui dis « je ne te mérites pas ». Et puis, imagine l'incompréhension de l'autre ; toujours pour les mêmes raisons. Un ami me confiait qu'il avait dû faire face au problème plusieurs fois. Plusieurs fois il avait été remercié parce qu'il était trop bien, que l'autre ne le méritait pas, ce qui lui a valu le surnom d'homme témoin : celui qu'on visite mais que l'on habite pas. C'est une très belle métaphore qui me semble tout à fait pertinente. Cependant, cela n'arrange en rien le problème.


« Je ne te mérite pas » revêt généralement un sens tout à fait simple, pour ne pas dire simpliste : « tu fais pas l'affaire. » En fait le bonhomme a vu de la lumière, il est rentré et il s'est retrouvé pris au « piège ». Un bien beau piège en vérité, mais un piège tout de même : il s'est plus ou moins engagé dans une relation qu'il ne voulait pas, ou qui s'avère moins romanesque que prévue. Ou pire, il a trouvé une greluche qui rigole fort en secouant sa petite tête et ses gros seins à chaque fois qu'il fait une blague pathétique.

« Je ne te mérite pas ». La vérité c'est qu'effectivement tu ne la mérites pas. T'es bien trop con pour ça ! Alors casse-toi jouer plus loin avec tes roubignoles ratatinées et négligeables. Laisse donc le soin à d'autres, moins rabougris du bulbe, de s'occuper de la demoiselle que tu laisses filer et qui la mériterons un peu plus.

Quand à moi, chers et aimés lecteurs, vous mérite-je ? C'est un peu rude en bouche, d'ailleurs je suis sûr que vous avez buté sur le "mérite-je". Oralement, c'est très scandinave comme assemblage. Et moi, la Scandinavie, ça me fait rêver. Les fjords, les ours polaires qui sodomisent de charmants rongeurs à l'appendice vertébral aplati sur fond d'aurore boréale, et les femmes...

TOUTES les femmes en fait. Mesdames, mesdemoiselles, les blondes à forte poitrine, les brunes à petits seins, les rousses avec des seins qu'elle préfèreraient en poire et même les autres, nous ne vous méritons pas. Les hommes sont des êtres frustes, vulgaires et poilus. A côté de votre beauté, de vos sourires et de votre douceur, nous ne sommes que des résidus d'abrutis de cavernes.


Femme, je ne te mérite pas. Mais si ce n'est moi, qui donc alors ?

7 commentaires:

Joëlle Bettex a dit…

Magistral !

Meuh a dit…

J'ai justement perdu un amoureux parce qu'il me disait : " Je ne te mérite pas " tout en me trompant "à tours de bras "
Ta théorie ne fais que correspondre avec ce que je pensais.

Magnifique!

CAMIF a dit…

C'est vrai que c'est une phrase qui tue " je ne te mérits pas ".
Mais il y a aussi : " Je ne veux pas perdre ton amitié(e) " ou le subtil " Je te considére plus comme un grand frère ( ou soeur )".
Bref les relations amoureuses sont délicates.

Glob-glob a dit…

Juste un commentaire pas très utile mais un peu quand même, pour dire que j'aime beaucoup ce blog !

Je passe de temps en temps pour voir si y'a du nouveau, et... rien :( Mais je ne perds pas espoir \o/

Bonne continuation.

thomthelawyer a dit…

C'est vrai que "je ne te mérite pas" accolé à "connasse", c'est assez parlant. Dans la séries de conneries dans le genre j'ai eu, bien sur "Je te quitte mais tu compte pour moi alors je voudrais qu'on reste amis". J'aurais certainement du répondre "Tu ne ME mérite pas, connasse". Je l'ai peut être dit d'ailleurs.

Peu importe, bravo en tous les cas!

Enoterine a dit…

Une autre interprétation peut aussi être trouvée là:
http://www.aapel.org/
Les personnes en état-limite sont souvent incapables d'avoir un raisonnement logique, et passent brutalement d'un extrême à l'autre (différent du trouble bipolaire, qui s'exprime sur des cycles plus longs.) La personne atteinte du trouble borderline oscille entre le mépris pour soi-même ("Je ne peux pas être aimé(e)") et la détestation irrationnelle et irrépressible de l'autre ("S'il -ou elle- croit m'aimer, c'est une illusion et de toutes façon ça ne va pas durer..." cf par exemple Gainsbourg "fuir le bonheur avant qu'il se sauve"). Ceci dit, cela "n'excuse" pas ce type de comportement!

Anonyme a dit…

Personnellement, je trouve que c'est une version étriquée de cette phrase. Je l'ai dit à certaines personnes, et ce n'est jamais pour dire "connasse". Au contraire, pour moi, et d'autres personnes, cette phrase est tout simplement que l'on se rend compte que notre partenaire est tout simplement exceptionnelle, et que nous, par manque de confiance, on se trouve... Basique et inintéressant. Alors pourquoi la fille est avec nous? Là est le véritable but de cette phrase. Savoir de quelle façon nous sommes vu. On peut y trouver réconfort. Mais c'est une phrase très dure à dire... Pour la raison qu'on prend le risque qu'elle soit mal interprété, mais aussi parce que la partenaire peut aussi dire "Oui je ne comprends pas pourquoi on est ensemble" et là c'est la catastrophe.