mardi 29 avril 2008

Dans la pénombre, on peut faire autre chose que l'amour

Ce soir, il pleut, le programme télé est aussi excitant qu'un livre de Maupassant, des photos d'émissions débiles en plus. Vous venez de faire l'amour à votre moitié, du coup vous n'avez plus rien a faire. Dans le réceptacle à matière grise qui vous sert de crâne germe alors une idée que vous croyez géniale.
« Et si on allait au cinéma ? »
Alors que vous prononcez ces derniers mots, vous entrevoyez l'incident diplomatique qui pointe à l'horizon. Vous vous mordez les doigts. Ils ont un goût bizarre ; vous avez oublié de vous laver les mains. Après avoir avalé la moitié du tube de dentifrice, et vous être frictionné la langue à coup de brosse a dents, vous ne pouvez que constater l'ampleur des dégâts.
« Ah, ça c'est une bonne idée. Et après on ira au restaurant ? » vous demande l'intêressé(e), les paupières faisant office de stroboscope. Vous croyez voir Bambi sous extasy, le gloss sur les lèvres en prime. « Mais qu'est-ce qu'on va voir alors ? »
C'est bien ça le problème. Qu'est-ce qu'on va voir ? Cette question implique dans un premier temps de déterminer qui choisi le film. Ce qui n'est pas une mince affaire.
« D'accord. Mais c'est toi qui choisit. » lui proposerez vous, bon prince.
« Non c'est toi.
Mais pourquoi, choisis toi aussi, des fois !
Non, je te fait confiance.
Allez. TU CHOISIS.
D'accord. Ça tombe très bien, ce soir il y a une soirée Bridget Jones. »
Et merde !
Résultat, avec vos conneries, vous allez être obligé de vous barboter les mésaventures d'une célibataire trentenaire nunuche au possible.

Déjà, au départ les comédies romantiques, ça vous fait l'effet d'une indigestion de guimauve. Contempler les aléas amoureux d'une bande de margoulins aussi inspirés que les candidats de la star ac', vous vous en passez très bien.
Vous voyez déjà le sourire béa de Renée Zellweger, et la voix gluante de Hugh Grant. Rien que d'y penser en vous avez la nausée. Ça vous donnerait presque envie de vomir dans le paquet de pop-corn qu'une adolescente pré-pubère ne manquera pas d'engloutir, deux sièges devant vous.
Alors Bridget Jones, NON ! Voir une cruche qui se laisse aller et se lamente sur son sort, c'est plus que vous ne pouvez en supporter. Surtout qu'elle les cherche, les ennuis ! Elle saute les deux pieds dedans ! Bridget est conne : elle n'apprend rien de ses erreurs. Au lieu de ça, elle fonce continuellement dans la gueule du loup (inventant par là même le mouvement perpétuel des masochistes célibattues). Ce n'est pas pour rien qu'il y a eut un second épisode.
On avait rarement vu une jeune femme aussi tarte depuis Une Vie de Maupassant.

« Chérie, t'es sûre que tu veux aller voir ça ?
Oui. Pourquoi pas toi ?
Bein, là... Non, vraiment pas.
Tu m'as demandé de choisir, alors j'ai choisi.
Oui mais je pensais pas que...
Tu pensais pas quoi ? Tu pensais que j'allais choisir un film qui ne me plairai pas, pour te faire plaisir ? »
Elle a raison. Vous le savez. C'est d'ailleurs pour ça que vous peinez à résister à l'envie de frapper votre crâne contre les murs de la maison. Vous le saviez déjà, et pourtant une fois de plus vous l'avez laissé choisir. « La peste soit de la galanterie et de ces fieffés films à l'eau de rose. »

Le choix d'un DVD, ou d'un programme télévisé aurait soulevé le même problème. La vérité c'est que vous n'avez pas les même goûts. Cela ne facilite pas les choix. Certains couples instaurent un système de tour (sic). « Une fois toi, une fois moi. » C'est une idée qui semble bonne. En fait elle l'est tout autant que celle de faire du skate sur l'autoroute. Pourquoi ? Parce que, comment faire lorsque c'est le tour de l'autre, et que pourtant le cinéma d'à côté de chez vous propose une soirée spéciale, une rétrospective ou une projection unique ? Le problème reste entier. La débat qui s'en suivra aussi.

Finalement, vous y êtes allé à cette soirée. Pour être avec votre amoureuse. Vous avez un peu grincé des dents en regardant cette pauvre Bridget se faire prendre pour la dernière des connes. Vous avez rigolé quelques fois devant son idiotie congénitale. C'est la troisième fois que vous voyez ces films et vous ne les aimez toujours pas. Mais vous avouez, à votre moitié, avoir passé une bonne soirée.

« Tu vois, je savais que ça allait te plaire. Ça tombe très bien parce que la semaine prochaine il y a un film génial d'un auteur Kazako-Hongrois. C'est une comédie romantique de trois heures et demie, filmée avec un appareil photo numérique. Tu vas voir, je suis sûre que tu vas adorer. »
Elle se retourne et s'aperçoit que si elle n'agit pas TRES rapidement, vous ne verrez rien du tout : vous avez entrepris de vous crever les yeux avec votre ticket de cinéma roulé en tube.


Colin

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Putain c'est vrai que les nanas à l'eau de rose sont chiantes. Mais je crois qu'on les retrouve surtout du côté des poufs.

Unknown a dit…

Les films à l'eau de rose, les bons sentiments, les dénouements heureux...l'expression parfaite de l'optimisme :-P
Si seulement il n'y avait que les films (DVD, ciné) qui étaient susceptibles d'être une source de conflits...En tout cas, toujours aussi agréable à lire!

Nono a dit…

Tout simplement génial, si ce n'est les fautes...

CAMIF a dit…

Ben oui. C'est fort bien résumé. C'est ça l'amooour !
Lol.