jeudi 24 avril 2008

Moteur... Action !... Ça tourne....

Enfin.... la musique s'évanouit progressivement, exit la salsa cubaine revisitée dans des accents tectoniquesque... le noir se fait. Seules de petites ampoules restent allumées le long des marches d'escaliers. Les retardataires essaient de se frayer un chemin jusqu'à des places assises en limitant la casse, puisque de toute manière, limiter l'énervement des autres spectateurs à la vue de ces ombres mouvantes et chuchotantes (« pardon, excusez-moi ») est chose impossible. Hmm, on s'enfonce dans son siège, le sourire aux lèvres, peu importe le panneau SORTIE rouge luminescent à la gauche de l'écran, désormais notre regard se porte sur l'écran et seulement sur l'écran. Dans les vieux et charmants cinémas, parfois, (dans des coins reculés et dépourvus d'UGC® ou Gaumont®) un rideau rouge, comme au théâtre, se lève pour laisser place à la toile blanche.... bruit du projecteur.... générique !
Cette demi-seconde de battement, au moment où le noir se fait dans la salle, offre aux plus cinéphiles d'entre-nous un moment de paix, d'harmonie certaine ; et quand cette pause, loin des trépignements et du brouhaha citadin peut se faire en compagnie d'une personne, alors, la chose est d'autant plus appréciable (quoique, tout dépend de la personne).

Le Cinéma !! Bien sûr les soirées DVD au coin du feu, ou de la table basse pour ceux qui ne possèdent pas de cheminée, c'est à dire la plupart d'entre nous sans doute, ont leurs charmes. On peut parler, enlacer son chum tant qu'on veut, et aussi choisir d'aller aux toilettes quand bon nous semble. Enfin, revoir 10 fois la même scène (comme par exemple la scène finale de Dirty Dancing) en moins de 20 minutes est chose possible. Pour autant le cinéma garde des attributs appréciables qui ne peuvent être négligés. Une fois posés dans les fauteuils, si les autres spectateurs ont autant de jugeote que vous, alors ils sauront se taire et profiter du moment en évitant de mâcher bruyamment leur pop-corn. Ce n'est pas forcément chose aisée, car certains, de plus en plus nombreux, croient trouver dans la salle de cinéma un salon où discuter à voix haute, manger en s'esclaffant et aussi (SI SI je vous jure, je l'ai vu) fumer ou faire l'amour. Bon ok, parfois on aurait bien envie nous aussi de se jeter sur notre partenaire, mais la beauté de la chose est de patienter jusqu'à la fin du film, au retour dans l'appartement. En attendant, je vous invite plutôt à opérer des rapprochements plus subtils.

A ce propos, il n'est pas innocent que le cinéma reste le lieu de rendez-vous privilégié pour les amours naissants. Quoi de mieux que cette proximité pour effleurer les mains ou la cuisse de l'autre en ayant l'air de rien ; puis doucement se pencher à son oreille et respirer son cou (« pour ne pas déranger les autres ») en lui exprimant notre contentement d'être à ses côtés pour partager ce moment ? Dans le noir, les mains se délient, les inhibitions s'envolent plus facilement. Entourés et pourtant seuls au monde, les individus se trouvent... le cinéma permet aux couples de se faire et rien que pour cela, c'est un lieu magique. D'ailleurs dans ces cas là, peu importe le film qu'on va voir, on y va pour le lieu.

A contrario, pour les couples déjà formés, le film a toute son importance. Aller au cinéma en amoureux semble toujours une bonne idée de prime abord mais peut s'avérer un casse-tête inépuisable. On ne veut pas décevoir l'autre tout en cherchant aussi à s'épargner deux heures de torture à regarder un film qu'on ne voulait pas voir. On s'efforce de ne pas s'endormir pour ne pas avoir le sentiment désagréable d'avoir foutu en l'air 8 euros. Maintenant, il ne faut pas croire que les films de guerre et de boxe sont dévolus uniquement au sexe masculin, tandis que nous sont réservés comédies romantiques à l'eau de rose et cinémas art et essai en russe sous-titrés japonais.... Bon, je l'avoue, Bridget Jones c'est bien, j'aime Julia Roberts et les tribulations de Meg Ryan continuent de me faire rire mais je ne suis pas stupide pour autant. Il faut savoir ouvrir son champ d'observation à la multitude des possibilités qui s'offrent à nous. Le tout, si on souhaite conserver le partage de la séance, étant surement de varier les plaisirs pour éviter le suicide de l'autre. En effet, se faire Hara-kiri au milieu d'une salle de cinéma est certainement et dramatiquement cinématographique, mais dans la réalité, cela risquerait d'être quelque peu dérangeant.
Finalement le cinéma, c'est comme pour tout, il ne s'agit que d'un loisir parmi d'autres, nous enjoignant de composer avec la double personnalité qui forme tout bon couple. Oscar Wilde disait qu' « un couple c'est ne faire qu'un, oui, mais lequel ? » ; le cinéma pose la question et y répond : selon les soirées, le couple sera l'un ou l'autre (faiblesse ou générosité de celui qui cède ?).

Je t'accompagnerais volontiers voir ta rétrospective ultra méga spéciale si elle est intéressante et ce même si il s'agit d’un film de genre qui ferait pâlir Indiana-Jones lui-même, je le ferais si cela te fait plaisir. Peut-être même n'aurais-je pas à prétendre que j'ai apprécié si tu sais me faire aimer ce cinéma qui toi te fait frémir. Une fois assise dans la salle, à tes côtés – finalement à tes côtés – et malgré les discussions prises de tête qui peut-être auront précédé ce moment, quand le noir se fera.... nous maudirons ensemble les retardataires, nous tournerons les yeux vers l'écran et lorsque nos mains se trouveront dans le noir, alors, nous soupirerons ensemble... générique.


Claire

2 commentaires:

Joëlle Bettex a dit…

Splendide, comme toujours ! Et ce deuxième paragraphe...

Kronos a dit…

Je viens de découvrir ce blog !

Il est plutôt rare que je m'attarde sur un blog étant donné que j'ai une sainte horreur des ces moyens d'expression bien trop usités par des gens qui au final n'ont rien à dire (cf sk*blogs et autres compères).

Mais là, je lis depuis une bonne demie-heure et je ne m'en lasse pas !

Il faut dire que le fait de ne pas torturer la grammaire ainsi que l'orthographe de cette chère langue de ce non moins chèr Jean-Baptiste Poquelin (Molière pour les intimes) y est pour quelque chose... mais pas seulement...

Les articles sont très bien construits et les idées développés prêtent à sourire.

Je commente ce billet, car arrivé à ce point de ma lecture, je ne pouvais plus m'en empêcher et s'ajoute à celà le fait que je trouve ce texte particulièrement bon (et beau) tant il sonne juste !

En un mot comme en cent (cela peut s'écrire ainsi n'est-ce pas ?), bravo !

Continuez ainsi !


P.S : Veuillez m'excuser si quelques fautes (il vaudrait mieux dire erreur d'ailleurs) de français se sont glissées dans mes propos, je ne suis qu'un simple scientifique ^_^