dimanche 11 novembre 2007

Comment te dire je t'aime !

« T'es belle quand tu rougis, T'es belle en toutes circonstances, T'es belle même quand tu fais une blague pourrie, En plein dans un silence. » - Volo, T’es Belle.

Pour changer, il est tard, je rentre d’une soirée. Pas le genre de soirée où l’on boit jusqu’à dire bonjour au petit bloc bleu désinfectant qui permet aux toilettes de sentir passablement bon. Plutôt le genre, cinéma – verre – à plus tard.

J’ai toujours trouvé les tête-à-tête angoissant. Pas tous, bien sûr. Passer une soirée à discuter avec un(e) ami(e), lorsque les sentiments de chacun ne font aucun doute, voilà qui n’a rien d’impressionnant. Mais lorsque ce n’est pas le cas, qu’un doute demeure en suspension tel l’une de ces vaches en carton qui battent des ailes si l’on tire sur la ficelle, alors dans ce cas là, la situation est un peu plus tendue. Mes fesses se crispent, et il me faut réajuster ma position sur la chaise toutes les deux minutes. J’ai l’impression d’être assis sur une mine anti-personnelle qui n’attend que d’exploser.
Ces symptômes s’accompagnent généralement d’une irrépressible envie de commettre une boulette majeure. Toute résistance est inutile. S’il y a le moindre pli dans le tapis, je me prendrais les pieds dedans. Peut-être me direz vous, « alors prends de l’avance, ais une rose à portée de main, car quoi qu’il arrive, tu finiras à ses pieds. »

Mais avant d’en arriver là, il aura fallu régler deux ou trois détails.
Tout d’abord, il faut qu’elle comprenne que j’en pince pour elle. Toute la question étant, comment lui dire « Je T’Aime » sans en avoir l’air, tout en étant très clair ? Ne nous voilons pas la face, la réponse je ne l’ai pas trouvée ; en fait il me paraît même douteux qu’elle existe. Par contre faire passer le message avec la finesse d’un diplodocus monté sur ballerines, ou en étant aussi clair qu’un rapport du Ministère des Finances, ça je sais faire.
Il faudra donc éviter toute lourdeur de style et d’approche. « Tes lunettes sont sur ton nez, comme le diamant dans son écrin » ou encore « tu savais que le koala en rut monte la femelle, qu’elle soit consentante ou pas ? » sont donc à proscrire.
« Ah, ça fait dix ans que tu fais du Tae Kwon Do ? Je viens subitement de me rappeler que j’ai laissé mon Boa avec ma petite sœur. »

Tout est dans les sous entendus. Le but étant de faire passer un missile nucléaire pour une sucette à l’anis (j’hésitais à faire la comparaison à base d’arme de destruction massive et de suppositoire a la glycérine, mais bordel, ça manquait de classe !).
Ce n’est pas à proprement parler un jeu d’enfant. D’autant qu’une fois ledit missile envoyé, il faudra savoir si la belle l’a avalé. Et il faut le savoir vite, car au premier faux pas, le tête-à-tête se transformera en dialogue avec pour seul public un reste de bière tiède et trois cacahuètes.
Les boulettes et les gaffes, je les ferais. Certains amis m’ont donc conseillé de les faire en ayant l’air touchant, et pas d’un irréductible abruti. « Si tu lui renverses un verre sur le poitrail, ne tente pas de la sécher avec une serviette en papier. Oui, tu auras touché son cœur, mais en réponse à cette déclaration, elle caressera très sûrement tes dents de son poing léger. Là, t’auras l’air touché. » Coulé.

A ceux qui me demanderons « mais t’as pas d’amour propre pour écrire des conneries pareilles ? », je répondrais, « non, parce que je le préfère sale. »


Colin

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