mardi 9 octobre 2007

S aime S ? SM est-ce ? Merde.

Qu’est-ce que ces petits messages hideux, odieusement limités en couleurs et à la calligraphie robotique ? Est-ce qu’ils changent véritablement nos relations avec notre prochain ? Est-ce que de telles interrogations intéressent un autre public que celui de la presse féminine bon marché ? Pas sûr.

Si le texto a servi à développer les pouces des générations technomaniaques, il a porté un sacré coup à la langue Française. Fait connu de tous, le SMS a servie de potence à la grammaire. Ce système poussif, digne d’un goulag intellectuel electronisé, ne permettant de taper qu’à un doigt, ne pousse pas à s’étendre sur les mots. Tout d’abord parce que rapidement pointent les crampes de pouces ! D’autre part, du fait que le système de mini message n’accepte qu’un nombre réduit de caractère.

Pour signifier à quelqu’un que « Bonjour, comment vas-tu aujourd’hui ? J’aurais aimé te dire que les oiseaux qui chantent dehors me rappel le bonheur que je ressens rien qu’à l’idée de penser à toi » il faut compter ses lettres. Le problème est qu’en raccourcissant ses mots, il est très probable que l’interlocuteur passe plus de temps à déchiffrer qu’à prendre du plaisir en recevant les sentiments transmis.

Afin de n’aider en rien à démêler ce sac de nœud analphabète, il faut parfois composer le tout avec finesse. Car quand les sentiments s’en mêlent, le destinataire s’emmêle. Essayons donc de faire comprendre notre intérêt pour quelqu’un – tout ou partie de son corps – par un texto. Voici un exercice d’une complexité extrême. Tout d’abord, comment commencer ? Un surnom ? Peut-être, mais est-ce que ce ne serait pas brûler les étapes ? Si je vais trop vite, elle va me prendre pour un obsessionnel du texto sentimental. Bon, alors on va faire neutre. Non, neutre, elle va me prendre pour son meilleur ami. « Bjr ma bel, comt va-tu? ». Ouais, ça c’est pas mal, ça.
La suite, « c’était pour te dire que quand je te vois, j’ai la tête qui vrille comme celle de Linda Blair dans l’exorciste, mais sans le vomi, et que j’ai tellement envie – ». Houlà, surtout pas malheureux ! Selon les codes du texto Français, il faut être le moins direct possible, tout en laissant présager un avenir prometteur. « Ce srai cool daler boir 1 vR 1 2 C soir… » Les trois petits points qui « achèvent » la phrase, appellent l’esprit féminin à pédaler tel un hamster cocaïné dans sa roue. « Qu’est-ce qu’il veut ? Juste un verre ? Moi ? Les deux ? »
Et là, on a le pouce qui nous démange. On aimerai en dire plus, et pourtant, il ne faut surtout pas. Les conséquences seraient pires qu’un lâcher de pet sonore pendant un rendez-vous galant, en le ponctuant d’un « oh putain, çui là, y va laisser des traces. »
De toute façon, mon écran de portable est saturé de caractères qui, à force d’y réfléchir, finissent par ne plus avoir aucun sens. Et la place se met à manquer pour corriger le tir. Résultat, au bord de l’implosion mentale, j’appui sur la touche « envoyer ». Pourtant ce que j’aimerais faire, c’est jeter ce casse tête pour masochiste en phase terminale de dépression, directement dans les toilettes et – pardonner du peu – faire caca par-dessus. Une fois cet acte de détente accompli, j’arracherais une feuille à un cahier quelconque, et j’écrirais en noir sur blanc ce que j’avais envie de lui dire.
Sauf que le temps que je réussisse à trouver mes mots, son adresse, et que la lettre lui parvienne, elle aura déjà trouvé un mec depuis longtemps. Du coup, je vais rechercher mon portable – ouf il est waterproof – et je recommence : « 8h chez moi. Prend des capotes. Colin »

1 commentaire:

Nono a dit…

le dernier texto me plait beaucoup, mais je doute qu'un jour un garçon ose envoyé ce message à une fille qui n'est une PCF (dixit Claire), si j'étais seule et que je recevais ce message j'irais, juste pour voir...