mardi 9 octobre 2007

l'R d SMS


Nous sommes passés à l'ère numérique, les lettres parfumées et les déclarations enflammées sous nos balcons ne sont plus de mise. C'est à présent par le biais du téléphone portable et de ses textos que tout se joue : séduction, tendresse, engeulades et même ruptures parfois usent de cet intermédiaire...
Aussi j'aimerais comprendre : s'agit-il d'un véritable progrès ? Tout d'abord, j'exclu dès maintenant l’argument du « manque de romantisme » qui est, certes, parfaitement valable mais hors de propos dans ma démonstration ! Soyons francs, bien sur, le sms n’offre pas au plaisir des sens l'odeur du papier ni la beauté des calligraphies mais la première des qualités qu'on lui reconnaît est sa rapidité et sa praticité ! Après tout, rien n'empêche aux plus romantiques d'entre-nous d'user et abuser des deux modes de communication qui s'offrent à eux ; nous avons maintenant le choix !
Cependant, aussi rapides et clairs soient à première vue les sms, je conteste leur véritable efficacité pour nous les filles ! Nous sommes des êtres dévoués au plaisir de l'interprétation et c'est là nous offrir un terrain d'expérimentation on ne peut plus fertile... et ça parfois à nos dépens, comme aux vôtres messieurs (car nos interprétations pourront causer quiproquos et incompréhensions dans la suite de l'histoire puisque nous nous étonnerons sans doute du fait que vous n'en ayez pas perçu toutes les nuances) !!
En effet, il faut savoir que tout texto reçu et envoyé sera réfléchi, épluché sous toutes les coutures à grands renforts d'amies toutes prêtes à nous donner leur opinion, décortiqué afin de déceler ce qu'il conviendrait d'appeler « son sens profond ». Nous abusons honteusement de l'adage « il faut lire entre les lignes » pour finir par lire entre, derrière, et sous les lignes !!
Un sms typique se scrute chez nous les femmes en trois étapes. La première d'entre-elle est l'introduction : le premier mot qu'il nous ai été donné de lire va sans doute influer sur tout le reste. Il ne faut pas confondre un salut banal avec un coucou plus prononcé, surtout quand ce premier mot est suivi d'un surnom. Alors, l'utilisation d'un pronom possessif (ma, mon) est, cher sexe opposé, fortement populaire (à condition que le sms provienne de l'homme officiel ou de celui en passe de le devenir bien entendu) ; en effet, c'est là marquer une appartenance très appréciée ! Ensuite je vous laisse le soin de marier les plaisirs : à chacun son mot doux, animal ou autre, faites preuve d'originalité... Pour tout ceux qui veulent marquer une tendresse sans trop se mouiller et causer moult doutes à la demoiselle, je conseille un coucou « toi », qui marque une approche sans être forcément significatif !
Ensuite vient le corps du texte ; et là, plus que tous les mots utilisés, notre attention se porte sur la ponctuation avec une place privilégiée accordée aux points de suspension. Ces trois points sont une véritable invitation à nous triturer l'esprit, ils inaugurent habilement une suite, le suspense est palpable et nous ne pouvons nous empêcher d'y accoler une explication, plus ou moins pertinente...
La dernière étape est la conclusion : tant de gradations existent pour se dire au revoir ; je classerai les basiques en ordre croissant d'intimité selon moi – et mes copines- : bises (qu'il serait même sage d'exclure tout court !!!) < bisous < gros bisous < je t'embrasse.
Ce scanner littéraire de vos sms est sans nul doute un peu déroutant, mais nous nous l'imposons également dans nos réponses (que nous cherchons à réduire à un texto tout en le remplissant au maximum de milliers de sous-entendus) alors même que nous ne pouvons être sûres que vous autres saurez déceler toutes nos subtilités savamment orchestrées. Aussi, pouvons-nous prétendre réellement gagner du temps ? J'en doute !
Les textos ne constitue pas selon moi en un progrès dans nos relations mais ce ne sont pas non plus une régression ou une perte d'authenticité ; il s'agit là simplement d'un autre outil visant à étoffer nos liens et à compliquer un peu plus les choses entre nous sans doute ... mais ces difficultés sont tellement appréciables que nous aurions torts de nous en priver !!

Claire

1 commentaire:

La griotte a dit…

Très bon "papier" ! ;)